Le jeu de société est devenu en dix ans, un poids lourd de l’industrie du loisir en France. Et derrière cette transformation se cache même une réalité aux chiffres qui donnent le vertige.
1200 nouveautés par an : la folie de la surproduction
C’est le chiffre le plus marquant. Celui qui illustre à lui seul la folie du secteur.
Chaque année, plus de 1200 nouveaux jeux de société arrivent sur le marché français. Ça fait plus de trois nouveaux jeux par jour.
Les étagères des boutiques sont soumises à un renouvellement permanent. Cette hyper-productivité a un revers. Une durée de vie de plus en plus courte pour les jeux. Ils sont chassés des rayons par la nouveauté suivante avant même d’avoir pu trouver leur public.
Un marché de près d’un milliard d’euros
Le jeu de société n’est pas un marché de niche. En France, le chiffre d’affaires a dépassé les 800 millions d’euros. Il se rapproche à grands pas du milliard.
C’est un marché plus important que celui du manga et qui rivalise avec le jeu vidéo. Cette croissance spectaculaire a attiré de nouveaux acteurs. Ce qui a contribué à l’explosion de l’offre.

De 7 à 77 ans, un public qui s’est élargi
Le secret de ce succès, c’est la diversification. Le jeu de société a cassé son image de jeu pour enfants.
Il existe maintenant des jeux pour tous les goûts, tous les âges et toutes les occasions. Des jeux rapides pour l’apéro, des jeux de stratégie complexes pour les experts ou des jeux coopératifs pour les familles.
Le jeu de société est devenu un loisir intergénérationnel. C’est un prétexte pour se retrouver et se déconnecter des écrans.
L’âge d’or des auteurs français
Derrière ce boom se cachent des visages : ceux des auteurs de jeux, qui sont devenus les vraies stars du secteur.
Des noms comme Bruno Cathala ou Antoine Bauza sont aujourd’hui des gages de qualité. La « French Touch » est reconnue dans le monde entier pour son élégance et son inventivité. La France n’est pas seulement un grand pays de joueurs. C’est aussi un grand pays de créateurs.
Le risque de l’indigestion
Mais cette croissance folle n’est pas sans risque. La surproduction menace de lasser les joueurs. Ils peinent à suivre le rythme des sorties.
Elle fragilise les éditeurs, qui doivent investir toujours plus pour exister. Et elle met en péril les boutiques, qui ne peuvent pas tout stocker.
Le secteur est à un tournant. Après des années d’euphorie, l’heure est peut-être à la consolidation, à un retour vers des jeux qui durent. Plutôt que des jeux qui ne brillent que le temps d’un été.