Derrière le succès commercial des adaptations des jeux vidéo en jeux de table, il y a une question qui se pose : est-ce qu’un bon jeu vidéo fait forcément un bon jeu de société ? Et la réponse est loin d’être simple.
Le piège du copier-coller
La première erreur, et la plus courante, c’est de vouloir faire un simple copier-coller. Mais une bonne adaptation, ce n’est pas ça. C’est une réinterprétation.
Essayer de refaire les combats en temps réel d’un Dark Souls avec des lancers de dés, ça ne marche pas. Ça donne des jeux longs, ennuyeux, et qui perdent tout ce qui faisait le sel de l’original : le rythme et les réflexes. Un jeu de société a ses propres codes et une bonne adaptation, c’est une adaptation qui les a compris.
L’illusion de la grande histoire
Les jeux vidéo nous ont habitués à des scénarios de folie, des histoires qui durent des dizaines d’heures. Vouloir refaire ça sur un plateau, c’est presque impossible.
Ça donne souvent des jeux « à campagne » avec des livrets de règles interminables et une mise en place qui décourage tout le monde. Une bonne adaptation, elle sait qu’elle ne peut pas rivaliser sur la quantité. Alors, elle se concentre sur l’essentiel: sur un aspect clé de l’univers. Et elle en fait une expérience plus courte, mais bien plus intense.
Capturer l’esprit, pas la lettre
Qu’est-ce qui fait le succès de Civilization sur un plateau ? Ce n’est pas la micro-gestion de chaque unité. C’est le sentiment de voir son empire grandir. Et une bonne adaptation de Fallout ? C’est le sentiment d’explorer un monde post-apo rempli de choix moraux.
Les meilleures adaptations, ce sont celles qui arrivent à identifier l’ADN du jeu vidéo. La sensation qu’il procure. Et à trouver la mécanique de jeu de société qui saura la retranscrire. C’est un travail de traduction, pas de transcription.

Un jeu de société, c’est avant tout un moment de partage
Un jeu vidéo, c’est souvent une expérience solo. Un jeu de société, c’est un moment de partage autour d’une table. Et une adaptation qui oublie ça est vouée à l‘échec.
Les jeux où chacun joue dans son coin, à optimiser sa fiche de perso sans parler aux autres, ça passe à côté de l’essentiel. Les meilleures adaptations, ce sont celles qui créent de la discussion, de la négociation, de la coopération… Bref, de la vie autour de la table.
Un pari risqué, mais parfois gagnant
Alors, est-ce qu’un jeu vidéo fait un bon jeu de société ? La réponse est non… par défaut.
La plupart des adaptations sont des produits dérivés sans âme, qui surfent sur une licence sans comprendre ce qui fait un bon jeu de plateau.
Mais quand des auteurs de talent s’attaquent à un univers et qu’ils arrivent à en extraire l’essence pour la réinventer, le résultat peut être magique. Des jeux comme Bloodborne: The Board Game ou This War of Mine: The Board Game l’ont prouvé.
Mais ils restent des exceptions. Les survivants d’un champ de bataille où la plupart des adaptations ont échoué.